Peut-on promouvoir le naturisme sans en dégrader ses valeurs, et nuire aux lieux qui le permettent ? Deux évènements récents posent questions, en régions Sud et Nouvelle-Aquitaine.

Cela ressemblait à une blague de carnaval, publiée le jour de Mardi-Gras, et n’a pas tardé à déclencher une foule de commentaires acerbes. Ce 4 mars 2025, la page officielle de l’ile du Levant, sur le réseau Facebook, annonçait qu’une campagne de promotion du site (et du naturisme) aurait lieu du 20 au 27 mars prochain, juste après le Mondial du tourisme, dans le métro parisien. 50 panneaux au format 4m x 3m sur 50 quais.
Oops ! La photo d’illustration semblait presque vraie, alors que les affiches ne sont pas encore en place (!), et les réactions d’hostilité à cette valorisation du lieu au détriment de la qualité de vie des résidents permanents et de l’intégrité du site étaient tout juste pondérées par la volonté de croire à un poisson d’avril avant l’heure. D’autant que l’auteur de la publication était des plus anonymes. Vrai ou faux ? Qu’importe. La préservation du site et de son authenticité était au coeur du débat, revenant presque à l’antienne initiale du « pour vivre heureux, vivons caché », ce qui serait un paradoxe pour un site naturiste très souvent médiatisé depuis sa naissance, voilà plus de 90 ans.

Une publicité dans le métro ? L’idée n’est pas nouvelle. Le groupement France 4 naturisme l’avait déjà fait en 2022, et cela a pu donner des idées au posteur anonyme. Mais cela pose une nouvelle fois la question de la nécessité, ou pas, de faire la promotion du naturisme, de ses valeurs et de ses lieux dédiés, au risque de les altérer par un accroissement non contrôlé de ses adeptes. Ainsi, en cette année 2025, en Nouvelle-Aquitaine, c’est Euronat, membre de France 4, qui doit se battre en justice pour préserver son existence face à des propriétaires de longue date qui contestent son développement.

En 2009, la campagne nationale lancée par les professionnels du tourisme naturiste avait eu un autre retour, car la personne principale montrée en toute nudité dans le clip de 30 secondes n’était autre que le mannequin Mélody Vilbert, pratiquante, certes, mais surtout élue Miss France en 1995. Cela avait contribué largement à la médiatisation, avec un bref parfum de scandale. Aujourd’hui, ce clip n’est plus disponible sur les plates-formes traditionnelles (Youtube, DailyMotion) car considéré comme « contenu explicite ». Et, malheureusement, on ne peut le retrouver que sur les plates-formes aux contenus vraiment très explicites !
Vraie ou fausse, l’information donnée par ce post anonyme sur cette hypothétique campagne dans le métro pour l’ile du Levant aura surtout été révélatrice d’un sentiment de plus en plus prégnant de retour à des valeurs plus classiques, que ne démentira pas la FFN. Ce qui devra certainement être pris en compte dans toutes les communications à venir sur le naturisme, et ses valeurs. Telles qu’elles étaient rappelées ce jeudi 6 mars dans le post correctif démentant l’information initiale : « Chers amis du Levant, Vous avez été nombreux à réagir à la campagne d’affichage annoncée la semaine dernière… et c’était précisément l’objectif ! Bien sûr, il s’agissait d’un fake : jamais nous ne ferions de communication de masse pour attirer “tout et n’importe qui” sur notre île. L’Île du Levant est un domaine unique au monde, et notre rôle est de préserver son esprit, son authenticité et la philosophie qui nous rassemble…». Une publication provocante pour attirer sur la situation unique d’Héliopolis…qui ne mérite que de le rester.
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