Comment faire pour éviter la diminution des espaces naturistes ? Chaque année, la question se pose à l’annonce de la vente ou fermeture de campings plus ou moins importants, à peine compensées par l’ouverture de gîtes ou chambres d’hôtes. Et si la réponse était plus individuelle que collective ?
L’offre naturiste se réduit-elle vraiment ? Et, si oui, comment préserver ce qui reste ? chaque année apporte son lot d’annonce de fermeture site naturistes, souvent devenus « textiles ». Ainsi en est-il en 2021 du Domaine du Grand Bois, près de Lyon, tout comme Laulurie, en Dordogne, Le Fayard, en Corrèze, La Combe de Ferrières, en Lozère, et probablement bientôt Le Ran du Château de Ferreyroles, dans le Gard. Et ce n’est pas la création annuelle de 3 ou 4 gîtes et chambres d’hôtes en France Verte qui pourra compenser le nombre de lits ou d’emplacements naturistes qui disparaissent sur le sol français.
A l’issue de la parution récente de notre partenaire Naturisme magazine, reprenant des informations publiées ici, un lecteur s’est inquiété de ce phénomène au point d’adresser un message qui résume bien les inquiétudes de nombreux naturistes. Ceux-ci ne manquent pas de partager leurs avis sur ce sujet sur les réseaux sociaux.
Des contraintes financières et légales
Ainsi, écrit-il, « j’ai été surpris de voir le nombre de campings naturistes à avoir fermé. Je sais que la crise sanitaire va engendrer de nombreux dépôts de bilans dans l’hôtellerie, mais ne trouvez-vous pas inquiétant que de nombreux campings jusque là naturistes soient repris par des exploitants non naturistes ? N’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter pour l’avenir de l’offre en ce domaine ? Une réflexion qui l’incite à se tourner vers la revue, et la FFN, se demandant si « ce ne seraient pas dans leur rôle en lançant un appel à tous ceux qui souhaiteraient sauver ces domaines (en les prenant en gérance ou en constituant des sortes de SCI par exemple)« . La question est pertinente, et les réponses malheureusement identiques depuis des décennies.
En premier, les campings sont des entreprises privées, leurs propriétaires négocient la vente le plus souvent en toute discrétion, et ne souhaitent pas clamer haut et fort qu’ils vont vendre, pour ne pas perdre cette vente, ou perdre la clientèle le temps que cette vente se fasse. Et le « marché textile » potentiel étant largement supérieur au « marché naturiste » (1), l’espérance de rentabilité semble évidente… Surtout pour les banquiers prêteurs.
En second, il faut savoir qu’un terrain se vend plusieurs millions d’euros, voire au delà de 10 millions d’euros pour les plus importants, ce qui limite le nombre d’acquéreurs potentiels, surtout en cette période. Pour beaucoup de couples achetant un camping de petite ou moyenne capacité, l’endettement est sur plusieurs années, avec quasi-obligation pour l’un des conjoints d’avoir une seconde activité à l’extérieur hors-saison.
Quelle offre, et pour qui ?
Faut-il diversifier l’offre pour attirer de nouveaux naturistes ? « les campings ne pourraient-ils pas ouvrir leurs portes à la journée, moyennant un droit d’entrée, pour les non résidents qui veulent juste passer un dimanche naturiste en famille au bord de la piscine, pique-niquer, faire une partie de tennis… comme le ferait un parc de loisirs ?« . Là encore, l’idée n’est pas nouvelle, mais sa réalisation freinée par plusieurs obstacles : la législation stricte concernant l’accueil à la journée, surtout pour la surveillance des piscines; le surcoût d’équipements nécessaires pour accueillir cette clientèle; et, surtout, la garantie de sécurité envers les habitués des campings, qui pourraient être gênée pars cette clientèle à la carte.
D’aucuns se demandent « pourquoi la FFN ne rachète pas les terrains« , ou bien « pourquoi la FFN n’oblige-t-elle pas les repreneurs à rester naturiste« . « Si nous avions tous ces millions nécessaires au rachat, nous aurions nos propres campings« , répondent les dirigeants de la FFN, qui sont tous bénévoles. Et, du côté de la Fédération des espaces Naturistes, qui regroupe près de 35 campings naturistes, la réponse sera identique. Et complétée par une évidence. En France, tous les espaces naturistes commerciaux sont des entreprises privées, régies par le droit du commerce. Rien ne peut empêcher leur vente ou leur changement de statuts, sinon la seule volonté de leurs propriétaires, qui en sont souvent les créateurs, et estiment qu’après des décennies de travail, ils ont droit à une retraite méritée.
En fait, rares sont les exemples de site qui ont été sauvés par la mobilisation de leurs clientèle, à une exception près, peut-être, le Domaine de l’Escride, dans le Var, qui, avec l’accord des propriétaires, ne fonctionne plus que 2 mois par an, presque de façon privée. Grâce à la mobilisation de ses plus anciens clients, ou de ses plus anciens amoureux…
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C’est le dernier paragraphe qui donne la réponse « rares sont … ». C’est à la naissance du camping naturiste qu’il faut investir pour contrôler son devenir. Après, si le camping marche bien, ce qu’on lui souhaite, son potentiel et sa valeur ne permettent d’intervenir pour une cause autre qu’économique.