Amour, sida, naturisme, avec C. Ytak

« …En été, avec mes parents, on va dans un camping naturiste, sur la côte atlantique. C’est un endroit clean. Les gens vivent nus dans la nature. C’est tout.».

« Et ça change quoi, de vivre nu dans la nature, plutôt qu’habillé ? ». « Tout ».

Le 1er décembre 2017, journée mondiale pour la lutte contre le sida, on ne pouvait pas oublier les années de lutte. Et pourquoi en parler sur un site d’informations naturistes ? Peut-être parce que voilà plus de dix ans, les jeunes naturistes expliquaient que l’usage du préservatif n’était pas anti-naturel. Et aussi pour présenter le dernier ouvrage de Cathy Ytak, paru aux éditions Talents Hauts. Cette ancienne collaboratrice de la presse naturiste donne le ton dès la 27e page, dans un dialogue amical entre deux de ses héroïnes, Monelle et Marie-Ange.

On est en 1992. Marie-Ange n’est pas encore majeure, et toutes deux font leurs études dans une école d’arts graphiques. En compagnie de Julien et Sami, avec Joos, leur modèle néerlandais, lui aussi naturiste, ils vont tout quatre découvrir leurs corps et leurs désirs tout autant que l’art de représenter un corps nu. Mais la vie peut être cruelle. Lors d’un week-end à St-Malo, le groupe apprendra que Sami et Joos sont amoureux l’un de l’autre. Et, quelques mois plus tard, que Joos est séropositif. Une révélation qui poussera Mary à s’engager auprès d’Act Up, une association qui milite pour la reconnaissance des droits du malade du sida.

Destiné au plus de 13 ans (selon la notice), cette fiction parue en septembre 2017 aux éditions Talents haut parle de la vie, de l’amour, de l’amitié, de sexualité et de militantisme, et de naturisme. Des mots simples, un rythme soutenu, des phrases et des situations qui nous bouleversent et qui rappelleront à certains leur adolescence, alors que la découverte de l’amour n’était plus un jeu sans danger. Un livre qui, pour son auteure, témoignent aussi de son engagement aux côtés d’Act up à cette époque, trouvant en cela « …une nouvelle façon de lutter et de militer contre l’ignorance et le rejet. Et parce que l’histoire des discriminations n’est jamais finie et que cette maladie reste à vaincre… ». Un livre qui, toutefois, souligne-t-elle, « …fait la part belle à la solidarité, à l’amitié et à l’amour, à la vie et au rire, malgré tout ».