A la fin des années 50, le strip-tease était dans les cabarets une discipline tellement prisée qu’il fut créé une Académie officielle, présidée par un membre de l’Institut, Edmond Heuzé. L’effeuillage devint un art (éphémère), codifié et réglementé, et quelques auteurs traitèrent le sujet avec délectation, tel l’essayiste François des Aulnayes.
Par Jean-Luc bouland
« Entre les deux guerres, Paris est la capitale du nu, la ville modèle des revues du music-hall », écrit Rémy Fuentes dans un ouvrage paru en 2005 aux éditions La Musardine. Mais ce n’est rien comparé à 1955 où, après la création en 1951 du Crazy Horse par Alain Bernardin, le strip-tease sera considéré en France comme le neuvième art, au point de générer le 2 mars 1955 la création d’une très officielle Académie du Strip-Tease, présidée par le Préfet de Paris Baylot et Edmond Heuzé, de l’Institut.
« En 19858, Paris compte 71 boites de Strip-Tease, 14 théâtres sont reconverties en salles d’effeuillages, et l’ont compte 524 effeuilleuses membres d’un syndicat présidé Loulou Guiness (Batignolles) et Léone Alex (Auteuil) », indique pour sa part en 2015 l’universitaire Pierre Philippe-Meden, docteur en études théâtrales à Paris 8.
Le strip-tease mis à nu
En 1958, à l’apogée de cet « art », c’est donc tout logiquement que l’écrivain François des Aulnoyes consacre un ouvrage au sujet, intitulé « Strip-tease et érotisme », et en confie la préface à Edmond Heuzé. Celui-ci affirme doctement avoir accepté la présidence de l’académie pour «protester contre tout ceux qui dans mon entourage exaltaient la seule beauté plastique du machinisme, et glorifiaient seulement la forme d’une locomotive ou la ligne d’une automobile » et, ainsi, contribuer « à attirer l’attention du public sur la beauté du corps féminin »…fortement influencé par Alain Bernardin.
L’ouvrage de François des Aulnayes, toutefois, est une véritable curiosité, mêlant à-peu près historiques et délires sexistes, érotisation des corps et pseudo philosophie. A croire, peut-être, qu’il a voulu employer un second degré particulièrement obscur. L’ouvrage fait 100 pages, s’annonçant comme une « Histoire et philosophie du strip-tease – essai sur l’érotisme au Music-Hall », est découpé en 7 chapitres (Introduction, Histoire du nu, Psychologie du nu et du strip-tease, Sociologie du nu et du strip-tease, Esthétique du nu et du strip-tease, Métaphysique du nu et du strip-tease, Evolution du Strip-Tease) et complété par un porte-folio de 50 pages comptant près d’une centaine d’images commentées, allant de la statuaire antique aux annonces publicitaires utilisant la nudité de la femme, en passant par les photos de charme, de strip-teaseuses…ou de nudistes/naturistes.
Strip-tease et naturisme
Quels liens entre naturisme et strip-tease, sinon la nudité ? D’aucuns avanceront une interview dans la presse naturiste d’Alain Bernardin dans les années 70, mais ceci n’est qu’anecdotique. En revanche, les historiens relèvent que la strip-teaseuse Rita Cadillac estimait que « le naturisme tue mon métier » alors que sa consœur Rita Renoir fut pendant des décennies (jusqu’à son décès en 2016) une fervente adepte de l’ile du Levant. Et que d’autres danseuses nues adoraient à l’époque fréquenter quelques sites naturistes, dont celui de Carrières sur Seine, pour parfaire leur bronzage. Quant elles n’acceptaient pas de poser nues pour illustrer les revues naturistes, telle la Revue Naturiste internationale (RNI).
Dans les années 50, lors de cette vogue du Strip-Tease, un cabaret parisien se nommait « Le Nudiste » puis, plus tard, un autre « Aux naturistes ». Dans les années 60, alors que l’Académie du Strip-Tease avait fermé ses portes, une troupe de théâtre « déclarait la guerre aux strip-teaseuses » en voulant présenter sur une scène théâtrale une vraie pièce naturiste où, disait la publicité « les jeunes femmes nues sont aussi de vraies actrices ».
Que dit François des Aulnayes dans son ouvrage ? Si les titres des chapitres attirent l’attention par leur positionnement sérieux, le contenu peut souvent prêter à sourire (… )
Découvrez les extraits de l’ouvrage dans le N°78 de Naturisme Magazine.
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