Laurent Autard a choisi de partir début octobre 2020. Membre de l’Association des naturistes phocéens, il était aussi un contributeur régulier de Naturisme Magazine depuis de nombreuses années, assurant la rubrique Documents. Voici ci-dessous l’hommage rendu par l’un de ses amis au nom de l’ANP.
On ne sait jamais ce qu’il y a derrière une larme, on ne sait jamais ce qu’il y a derrière un sourire. Laurent Autard était adhérent à l’Association Naturiste Phocéenne, et tout le monde se souvient aujourd’hui de son sourire lumineux, mais aussi de sa gentillesse, de sa discrétion, et pour certains de son intelligence, de sa culture, de son érudition notamment en botanique. Il était d’ailleurs un collaborateur régulier de Naturisme Magazine, et nous lisions ses articles, toujours surprenants et captivants, comme on laisse fondre lentement un bonbon pour en faire durer le plaisir.
L’ANP existe depuis dix ans, et la décennie est une échelle qui offre tout ce qu’offre la vie : parmi ses membres, des couples se sont formés, d’autres se sont défaits, des enfants sont nés, des décès ont eu lieu.
En ces premiers jours d’octobre 2020, notre ami Laurent Autard a choisi de partir. Lui qui ne parlait jamais de lui-même autrement qu’en portrait chinois. En effet, Laurent préférait parler de ses passions, surtout de la lecture, et de ses dernières acquisitions : de vieux livres rares. Lors des randonues, il marchait plus lentement que tout le monde, toujours à la recherche d’une plante rare, au milieu des Calanques ou de la Sainte Baume. Des plantes, il connaissait l’appellation scientifique, le nom courant, leur étymologie, les légendes qui avaient eu cours autour d’elles, et leurs bienfaits médicinaux. Il était émerveillé de tout, regardant le monde avec une curiosité jamais assouvie. Il disait, presque en s’excusant, qu’il ne connaissait plus que 500 espèces de plantes, alors qu’il n’y a pas si longtemps il en avait connues plus de 1000… Mais il était également capable, lors de la visite d’une grotte, de nous en expliquer la géologie, l’histoire, et la formation. Laurent était un puits de connaissances, sans concession vis-à-vis des détails ou des erreurs qu’on pouvait lui opposer, mais d’une telle humilité que son sourire à fossettes mettait tout le monde d’accord. La pédagogie était un sens inné chez lui, à tel point qu’on en enviait souvent de ne pas avoir été l’un de ses élèves, puisqu’il était instituteur.
Laurent aimait vivre simplement. Pour lui, le bonheur ne pouvait qu’être simple et sans fioritures. Chez lui, dans le Var, il n’y avait pas de télé, pas de micro-ondes, même pas de réfrigérateur : il achetait les produits frais dont il avait besoin au jour le jour. Quand nous avions appris cela, nous avions compris aussi pourquoi lors de nos sorties associatives, son rosé n’était jamais frais. Et nous ne l’en buvions qu’avec plus d’admiration pour lui.
Cette année, sa compagne et lui avaient réadhéré comme d’ordinaire, et sur le bulletin de celle-ci, à la case « sexe », au lieu de « féminin », il avait répondu : « joli ». Un adjectif qui définissait aussi parfaitement le couple qu’ils formaient.
Laurent portait sur la vie un regard d’enfant curieux, que la réalité du monde exalte, mais que la réalité du genre humain déçoit. Comme beaucoup, il était persuadé que l’humanité court à sa perte, et dans ses mots, le peu de fois où il en parlait, on sentait qu’il en était fondamentalement désabusé.
On ne peut jamais deviner ce qu’ont les gens dans la tête : un sourire, parfois sert à éluder, parfois masque un abîme. Laurent est parti, comme certains livres rares disparaissent à jamais quand la bibliothèque a été incendiée.
M.S (membre du C.A de l’ANP)
Naturisme Magazine poursuivra dans ses éditions à venir la publication des textes inédits qu’il lui avait transmis avant l’été.
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