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Sisyphe se donne à voir à Brive-la Gaillarde

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Personnage de la mythologie grecque, Sisyphe est connu de tous et toutes par l’image d’un homme qui monte une pierre au sommet d’une montagne à grand renfort d’efforts. Une pierre instable qui régulièrement roule et redescend …, ce qui oblige Sisyphe à recommencer l’action éternellement. une statue le montre à Brive la Gaillarde.

Par Guillaume Lemoine

On peut en voir une belle illustration à Brive-la-Gaillarde dans le jardin du logis des Clarisse dite maison Cavaignac, aujourd’hui siège des archives municipales, au 13 rue du Docteur Massénat. L’œuvre que l’on doit au sculpteur angevin Georges Saulo (1865-1945) semble avoir été créée en 1899. Datée et exposée en 1902 à Paris au Salon des artistes français, elle a été achetée par la Ville en 1917 pour la décoration du musée municipal Ernest Rupin, cela à l’initiative du conservateur de l’époque Raphaël Gaspéri. D’autres sources laissent sous-entendre qu’elle a été achetée par l’Etat (2000 francs de l’époque) puis offerte à la Ville de Brive-la-Gaillarde en 1917 par le sous-secrétaire d’État aux Beaux Arts, à la demande du docteur Edouard Lachaud (1857-1923) député de la Corrèze. Information confortée par un extrait de La Croix de la Corrèze en date du 16 septembre 1917 qui rapporte que « les Brivistes auraient des besoins plus urgents que celui d’une statue, soit-elle un chef d’œuvre« .

La statue de 1,60 mètre de haut est faite en calcaire, posée sur un soubassement de grès. Elle a été restaurée en 2010 par Sophie-Jeanne Vidal et Frédéric Bourguignon. Sisyphe, comme nous voyons souvent dans de nombreuses représentations des personnages de la mythologie grecque, est représenté nu. Sa nudité ne sembla pas plaire à tous voire à toutes. On raconte que la directrice du collège de filles proche, s’était émue dans les années 1930 de sa présence et exigeait son déplacement. En cas d’impossibilité elle s’occuperait à la mutiler, c’est à dire à le castrer. L’ultimatum eut pour conséquence la mise en lumière d’une partie de l’anatomie de Sisyphe, qui jusque là n’avait choquée personne. « En quelques semaines, les testicules de Sisyphe connurent une renommée que rien n’eût jamais pu prévoir et furent le point de mire de toute la ville. Ce que l’on n’avait pas, jusque-là, remarqué dans sa relative proportion, sautait maintenant aux yeux de tous » (1)

Le fondateur de Corynthe

Fils d’Eole et d’Énarété, Sisyphe est le fondateur mythique de la ville de Corinthe. Puni par Zeus après avoir relevé à Asopos (dieu-fleuve) où Zeus cachait sa fille qu’il avait enlevée, Sisyphe se joua de Thanatos en lui montrant une ses inventions : une paire de menottes qu’il mit aux mains de la Mort et l’enchaina. Zeus voyant que plus personne ne mourrait, envoya Arès (dieu de la guerre et de la violence) délivrer Thanatos et emmener Sisyphe aux Enfers. Arrivé sur place, Sisyphe réussit à convaincre Hadès de le laisser repartir dans le monde des vivants afin que son épouse puisse lui faire des funérailles adaptées. Une fois de retour il refusa de revenir aux Enfers malgré la promesse faite à Hadès. Pour avoir ainsi oser défier les dieux, il fut condamné dans le Tartare (abîme profond où sont tourmentés les pécheurs) à faire un travail absurde qui consiste à faire rouler éternellement un rocher jusqu’au sommet d’une colline … où il en redescend chaque fois avant d’arriver à destination. Ce châtiment, la réalisation d’une action sans fin, sanctionne la démesure et la ruse de Sisyphe qui refuse la mort, veut conquérir l’immortalité et qui se joue des dieux. Cette action sans cesse répétée d’un travail inutile et vain, montre la vanité et l’absurdité des ambitions humaines. D’autres y voient, au contraire, un symbole de résilience et de persévérance où Sisyphe s’attache à la vie, lutte tous les jours, ne renonce pas, recommence éternellement et donc ne cesse de défier les dieux…

D’un point vu plus « naturaliste », certains ont trouvé une analogie avec Khépri, le scarabée sacré de la mythologie égyptienne, qui fait renaitre chaque matin le soleil, le faisant rouler chaque jour permettant ainsi son apparition à l’aube et sa disparition au crépuscule.

(1) henri.habria (https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2022/01/23/a-brive-sisyphe-nu-poussant-sa-pierre-le-scandale-souleve-par-la-directrice-du-college-de-filles-dans-les-annees-1930).

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