Dimanche 27 janvier, l’Académie de la Grande Chaumière propose 6h de cours de portrait « dans une ambiance très conviviale et artistique » avec Laurent Cattanéo. La Grande Chaumière organise régulièrement des évènements exceptionnels, telles les régulières « Nuits blanches du dessin de modèle vivant », et se charge de le faire savoir sur les réseaux sociaux. Ainsi en était-il les samedis 19 janvier et 8 décembre, de 20h30 à 3h du matin.
Le 22 décembre dernier, pour clore l’année 2018, une séance exceptionnelle proposait des poses en duo féminin, avec Pascale Nicolas et Annie Ferret. Modèle et écrivain, agrégée de lettres modernes, habituée du lieu, Annie Ferret a publié aux éditions de l’Harmattan, en 2016, un recueil de nouvelles intitulé « Sur la sellette », racontant des histoires de modèles, dont elle a lu des extraits lors de cette séance. Sur la sellette ? En effet, cette expression qui aujourd’hui signifie que l’on va être mis en confrontation, être interrogés, fait tout simplement référence au siège utilisé par les modèles pour poser devant les artistes, qu’ils soient peintres ou sculpteurs, pour ne citer que ceux-ci.
Annie Ferret partage son temps entre la France et l’Afrique de l’ouest. Quand elle est à Paris, la plupart du temps, elle pose pour les artistes, et elle écrit. Elle a déjà publié trois recueils de contes africains chez l’Harmattan, et c’est logiquement dans cette même maison d’édition qu’elle a publié « Sur la sellette », un recueil de 9 nouvelles mettant en scène les rapports plus ou moins particuliers entre les modèles et les artistes, que ce soit dans des ateliers privés ou pour des cours collectifs, qu’ils soient modèles professionnels ou amateurs d’un jour.
A chaque fois, dans un style toujours agréable, précis, travaillé, la nouvelles proposée nous peint un univers particulier, un ressenti unique, ou nous décrit un moment de la vie d’un modèle que l’on n’imagine pas. Ainsi en sera-t-il pour « Grand ménage », pour « Derrière le paravent », présentant savamment la « dépersonnalisation » du modèle, pour la souhaité dernière fois dans ‘l’usage du fixatif est interdit dans l’atelier », comme pour le « blues » du modèle dans « ni fleur ni tombeau ». Et on comprend mieux que le fait de poser devant des artistes, ou apprentis artistes, nus ou habillé, n’est pas un loisirs, mais un vrai travail. Un travail qui demande de l’expérience, de l’abnégation, une parfaite connaissance de soi et de son corps pour être toujours au mieux de sa forme, devant des groupes d’élèves inexpérimentés ou exigeants. C’est un vrai métier, et c’est pour cela que certains modèles performants, redemandés régulièrement, peuvent le pratiquer pendant plusieurs décennies avec toujours autant de succès.
En lisant ces nouvelles, on oublie vite que, dans la plupart des situations, les modèles sont nues. Ce n’est pas le sujet principal. Le sujet principal, c’est le rapport entre l’artiste et le modèle, fondement même de la réussite de l’œuvre. Et c’est exprimé avec force. Merci, Annie Ferré, pour cette découverte tout en nuance, expérimenté, d’un univers trop méconnu.
JLB
Pour en savoir plus, voir le blog littéraire Les vagabonds sans trèves
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