Quelles sensations éprouve-t-on quand on assiste nu à un spectacle montrant la nudité ? Réalisée au Canada avec la participation de Michel Vaïs, fondateur de la Fédération québécoise de naturisme, cette expérience a suscité des témoignages intéressants. Extraits.
En 2019, pour assister à une représentation du spectacle de danse de Dana Dugan et Élian Mata à Tangente, au Canada, le public a dû se dénuder. C’était la première fois qu’une telle expérience se produisait au Québec depuis 1996, « quand l’escouade de la moralité avait forcé l’interruption de Nudité à Espace libre ». Pour Radio-Canada, en janvier 2019, Rebecca Makonnen a interrogé deux participantes sur le sujet, Stéphanie Dufresne, qui a assisté à la représentation en costume d’Ève, et la critique de danse Catherine Lalonde.
Ça faisait longtemps que Dena Davida, cofondatrice du laboratoire en danse contemporaine Tangente, souhaitait programmer une représentation durant laquelle le public serait entièrement nu. C’est avec son ami Michel Vaïs, critique de théâtre et fondateur de la Fédération québécoise de naturisme, qu’elle a réalisé ce projet, lors de la troisième des quatre représentations du programme triple Forêt (Élian Mata) et MEATmarket + (trans)FIGURation (Dana Dugan) (Nouvelle fenêtre). « Non seulement tous les interprètes étaient nus, mais le public devait également accepter de retirer tous ses vêtements pour entrer dans la salle« .
La critique Catherine Lalonde, qui a été conviée à la représentation nue, a finalement opté pour aller voir la première, bien emmitouflée dans ses vêtements. « Il y a deux courants différents, observe la critique, celui des soirées naturistes, qui ouvre des activités culturelles aux gens qui sont déjà adeptes du naturisme, et celui des représentations [à voir] nu, qui s’adressent à des spectateurs lambda qui vivent l’expérience pour la première fois. » Catherine Lalonde fait remarquer que « le fait d’être nu change complètement l’expérience du spectateur, qui se retrouve à faire partie du tableau, tel un élément scénographique« .
La nudité en danse prend une signification différente dans ce contexte, explique Stéphanie Dufresne, qui a vécu sa première expérience de sortie naturiste à Tangente. Ça induit un rapport d’horizontalité entre le public et les interprètes. Cette dernière constate que le fait d’être soi-même nu fait qu’on est moins porté à sexualiser le corps des danseurs, et qu’on observe le mouvement corporel avec une plus grande acuité.
En octobre 2016, au Musée des beaux-arts de Montréal, les amateurs d’art ont pu déambuler dans le plus simple appareil devant les photographies de Robert Mapplethorpe (Nouvelle fenêtre) .
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