AccueilMédiathèqueArt du NuLes Vénus du Gravettien, premiers nu.e.s de l’histoire de l’Humanité (2)

Les Vénus du Gravettien, premiers nu.e.s de l’histoire de l’Humanité (2)

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Art ou Histoire du Nu ? Comment classer les 15 statuettes découvertes sur un site de fouilles d’Amiens entre 2014 et 2019 ? ce patrimoine exceptionnel, datant de plusieurs millénaires, offre aussi une des premières représentation de la femme.

Par Guillaume Lemoine

(…Le sexe est souligné par une fente souvent légèrement décalée vers le haut pour être rendue plus visible sans pour autant devenir ostentatoire, sauf pour les Vénus de Hohle Fels (de l’Aurignacien, 36 000 ans AP) et de Monpazier (Gravettien 27 000 ans) qui, aux vulves disproportionnées, font exception…)

Dans le même sens leur nom même de Vénus, comme celui donné à la première figurine découverte : la « Vénus impudique » trouvée par Paul Hurault, marquis de Vibraye en 1864, pourrait être l’expression d’un souhait des archéologues (masculins) qui les ont découvertes et nommées, et qui peut ne être pas étranger au fameux male gaze (projection masculine hétérosexuelle) ou refléter la pudibonderie de l’époque (pour la Vénus impudique).

Amulettes, images de la grossesse ou protectrices de la parturition

Pourtant les figurines dans leur majorité sembleraient représenter plutôt des femmes matures et âgées. La statuette serait alors la représentation de la « grand ‘mère » de clans matriarcaux. D’autres y voient des femmes en train d’accoucher. Il pourrait alors s’agir d’amulettes (objets à qui on prête des vertus contre les mauvais sorts ou les maladies, ou qui portent chance). Enfin pour d’autres experts, les vénus auraient pu être réalisées par les femmes enceintes qui se représentaient telles qu’elles se voyaient. C’est ce que propose LeRoy McDermott, en nous rappelant que n’ayant pas de miroir, elles donnaient donc de l’importance à leurs seins, ventre et fesses, au détriment de leur tête et jambes, anormalement réduites dans les diverses représentations. Leur « obésité » pourrait également l’une des caractéristiques de survie compte tenu des températures extrêmement basses que connaissait les populations humaines de l’Eurasie lors des dernières glaciations.

Compte-tenu de la multitude des interprétations et courants scientifiques face à leur signification ; ne peut-il toutefois pas s’agir, tout simplement, d’une des premières expressions et créations artistiques sans signification précise. Donc de « l’art pour l’art ». La représentation du « nu » est en effet une constante dans l’art, qu’il soit antique, classique ou moderne. Nos musées, façades, places et rues sont ainsi abondamment dotés d’œuvres (statues, sculptures et peintures) représentant des personnages nus, qu’ils soient mythologiques, allégoriques ou qu’ils représentent de simples individus de la société civile sans avoir forcement de connotation symbolique.

Des œuvres très anciennes, typiques de l’Eurasie

Ces statuettes féminines sont attribuées à l’époque du Gravettien (entre 20 et 25 000 ans), voire au début du Magdalénien (15 000 ans) pour les formes plus réalistes. La datation de nombre d’entre-elles reste cependant complexe, imprécise ou impossible, car certaines figurines ont été découvertes il y a plus d’un siècle, sans que furent appliqués les rigueurs de l’expertise stratigraphique qui permettent de dater les diverses couches de sols, alors que d’autres ont été retrouvées en surface. Présentes sur une vaste répartition géographique, de la France (Pyrénées, Dordogne, Somme) et de l’Angleterre (une seule donnée) jusqu’en Russie… à l’exception non expliquée de l’Espagne ; le nombre de vénus du Paléolithique connues dans le monde est faible avec un peu moins 260 exemplaires avec une trentaine d’unités rien que pour la France.

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