Le Festival européen de la photo de nu vit-il sa dernière année à Arles ? Vingt ans après sa création, son président, Bruno Redares, s’en dit convaincu, à l’ouverture de la 21e édition. Une mauvaise nouvelle pour cet art trop souvent décrié.
Par Jean-Luc Bouland
L’édition 2023 du FEPN (Festival européen de la photo de nu), initialement annoncée du 5 au 8 mai 2023 durera jusqu’au 13 mai. Ceci pourrait être une bonne nouvelle pour les amateurs de cet art trop souvent décrié, mais c’est tout le contraire, à en croire son président-fondateur, Bruno Redares. Car le retour à la durée initiale ressemble plutôt à un chant du cygne.
« Cette édition aurait dû porter le numéro 21, mais les conditions relatives au dédain le plus complet de la Municipalité envers le Festival Européen de la Photo de Nu, font qu’il est plus justifié de l’intituler La despedida arlésienne», annonce-t-il d’entrée sur le site du festival, dans un texte repris le 4 mai par La Provence.
Sans la municipalité
Un propos amer illustré par un constat sans appel : « après avoir mesquinement dès l’année dernière coupé l’aide financière, écourté drastiquement la durée du Festival, supprimé l’appui logistique et protocolaire du vernissage officiel en montrant par l’absence de l’Edile ou de l’Elue à la Cuture le désintérêt total… c’est « un nouveau tour de vis » pour 2023 avec l’attribution d’un seul et unique lieu d’exposition à un mois de la manifestation ! Les conditions ne sont évidemment plus réunies pour assurer une manifestation digne de ce nom et sa communication».
En conséquence, ajoutant à cela d’autres difficultés entraînant «les déceptions auprès des artistes et la perte de crédibilité auprès de nos partenaires privés », l’édition 2023 du FEPN, « que l’on peut qualifier de raisonnée, mais qui retrouve sa durée habituelle d’une dizaine de jours, est entièrement présentée dans des lieux et galeries privés». Bien que restreinte (7 auteurs), sa programmation est qualitative, « avec des artistes bien connus du Festival« .
Mais, conclue-t-il, «ce sera, à moins de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs, probablement la dernière édition arlésienne». Pour la suite, des alternatives sont toutefois envisageables, « notamment dans une autre ville de la région PACA ou en partenariat dans un pays voisin».
Continuer l’aventure
Bruno Redares, que les lecteurs de Naturisme Magazine ont pu découvrir dans le N°80 (mars-avril 2023), n’oublie pas de rappeler que «en plus de vingt ans, le Festival Européen de la Photo de Nu a acquis une renommée internationale, a présenté plus de 500 artistes dont des photographes de grande renommée tels que Jean-Francois BAURET, Jean-Loup SIEFF, Hans SILVESTER… a créé des échanges culturels liés à des partenariats avec d’autres pays comme l’Ukraine (Art Kiev ContempoRAry), le Maroc (Maison de la Photographie de Marrakech), la Chine (Beijing Photo), l’Italie (FESTIVAL FOTOGRAFICO EUROPEO…». En 2021 il accueillit ainsi Christophe Vermare, qui fit la couverture du N°65 de Naturisme magazine.
Le FEPN est un festival unique en France (1) qui verrait là un abandon regrettable « dans une ville qui s’affiche comme la capitale mondiale de la Photo», grâce à Lucien Clergue, premier photographe de l’histoire à être entré à l’Académie des Beaux-Arts (2006). Et certains regardent encore avec admiration l’ouvrage « Née de la vague », publié en 1968, aux images très « naturistes ».
D’aucuns, du côté d’Arles, n’oublieront pas de faire le rapprochement avec les difficultés rencontrées avec le club naturiste Camargue Soleil, qui vient de perdre ses horaires de piscine urbaine, et qui bataille chaque année pour conserver la plage naturiste de Piémançon. Comme s’il y avait une volonté déguisée de rhabiller le nu pour donner à la ville d’Arles une image plus « respectable » aux yeux du monde.
(1) : Le Festival de la photo de nu de Villeréal, second du genre en France, a une dimension plus régionale.
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