Comment les structures naturistes accueillent-elles les hommes seuls ? Récurrent depuis des décennies, le débat n’est jamais tranché dans les faits. De quoi justifier une nouvelle fois que le Forum de Naturisme Magazine s’y intéresse, sous la plume argumentée de Hugues. A découvrir dans Naturisme Magazine N°89.
Issu d’une famille non-naturiste, j’ai découvert le naturisme à 33 ans. Je tondais ma pelouse, il faisait beau avec une légère brise. Isolé des voisins et sans regards extérieurs je décide de le faire nu. Se rhabiller fut difficile. Bien que ma femme soit hostile à cette pratique, je décidais à la retraite d’adhérer à une association naturiste. Voici la réponse reçue après avoir rencontré ses dirigeants : « Malgré la bonne impression lors de ta venue, le comité directeur ne retient pas ta demande d’adhésion, car nous sommes en saturation d’hommes seuls. » Ma déception fut d’autant plus grande que pour moi le naturisme repose sur des valeurs d’humanisme où le rejet n’existe pas à priori quand ces valeurs sont respectées.
Alors que Robert Badinter a fait évoluer la société en la rendant plus humaine, bienveillante et respectueuse des uns et des autres, autant de valeurs portées par le mouvement naturiste, il s’est opposé à la loi de 1999 relative à l’égalité entre les hommes et les femmes. Il écrivait : « Ce débat porte sur le concept d’humanité. Qu’elle soit composée de femmes et d’hommes ne signifie pas qu’elle soit duale. Rien n’est plus précieux que l’universalité qui traduit l’unité de l’espèce humaine, au-delà des différences, même sexuelles ».
Au-delà des différences de sexes
Dans son livre Vivre Nu Margaux Cassan rappelle qu’à Bélézy on se méfie de l’homme seul. Cette méfiance semble être très présente même si elle n’est pas généralisée, dans le milieu naturiste. Dans son livre intitulé « Nature et préjugés » le biologiste Marc-André SELOSSE consacre un chapitre sur l’égalité homme-femme qu’il intitule « Construisons une équité par-dessus les différences entre sexes ». Il rappelle que si la sexualité est d’abord biologique elle a aussi chez les humains une dimension culturelle qui est essentielle à la création de cette humanité. Il écrit notamment que biologiquement « l’homme est une femme détournée par les hormones » ce qui fait écho aux propos de Margaux Cassan quand elle écrit : « En retirant mes vêtements, j’ai découvert que l’homme dans son état de nature n’était un danger pour personne… les hommes nus … sont aussi démunis que moi. Précisément, encore, ils sont une femme comme moi. ».
Après avoir décrit quel rôle remplit biologiquement chacun des sexes sans que la domination de l’un par l’autre soit inscrit dans les gènes, il montre combien la culture qui a aussi fabriqué le patriarcat est également essentielle à l’abandon de cette domination : « La sélection sexuelle nous rappelle en quoi nous ressemblons aux autres êtres vivants … Cette part d’animalité est un aspect de notre lien à la nature, qui nous enchâsse dans la biologie et dans notre passé évolutif : on peut dire que c’est une partie de la « nature humaine ». Autrement dit, la reconnexion à la nature extérieure … et celle à notre nature intime… posent des défis semblables, d’autant plus aigus dans les deux cas que nous croyons tout devoir à la culture et rien à la nature. Parfois, la culture ne peut rien à notre biologie : seules les femmes portent les embryons. Parfois elle permet, voire amplifie, l’action de notre biologie : les cultures occidentales ont laissé filer trop complaisamment les violences faites aux femmes. Parfois elle corrige une partie de notre biologie : gageons qu’une évolution bioculturelle maîtrisée sera l’avenir de notre civilisation … ».
Découvrez l’intégralité de l’article dans Naturisme magazine N°89.
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