La nudité publique est saine et pédagogique, estime le Parti Vert canadien. Depuis le 11 mai et jusqu’en septembre, il invite à signer une pétition pour qu’elle soit autorisée au Canada. Comme pour les seins nus des femmes dans les parcs.
Par Jean-Luc Bouland
Elisabeth May, député au Parlement canadien et chef du Parti Vert assume ses choix. En date du 11 mai 2022, elle a déposé une pétition très argumentée de la Chambre des communes « pour légaliser la nudité publique au Canada« , considérant que « la nudité n’est pas intrinsèquement sexuelle, indécente ou obscène« . Ainsi, dit-elle, « l’interdiction actuelle de la nudité dans un endroit public nuit à la société en renforçant la notion de honte inhérente au corps humain » alors que « le nudisme est reconnu pour avoir des effets bénéfiques importants sur la santé physique et mentale » et que « la nudité de nature non sexuelle n’est pas préjudiciable aux enfants ou aux jeunes« .
L’argument qui suit est plus écologique, et peut surprendre les néophytes : « les vêtements et le lavage sont reconnus pour être des sources importantes de pollution de l’eau sous forme de microfibres« . Alors, pourquoi se vêtir ? Peut-être parce que « l’interdiction actuelle de la nudité dans un endroit public est indûment anglocentrique pour un pays composé de citoyens de nombreuses origines ethniques qui valorisent et respectent la diversité culturelle et raciale« .
Précisant que « en soi, la nudité dans un endroit public n’était pas historiquement une infraction en common law, ni en vertu du Code criminel jusqu’en 1954« , les signataires de la pétition, citoyens et résidents du Canada, prient la Chambre des communes « d’abroger l’article 174 du Code criminel et d’insérer le libellé voulu dans le Code criminel pour préciser qu’en soi, la nudité dans un endroit public n’est pas indécente, obscène ou nuisible« .
Des avis contrastés
Une telle pétition ne pouvait manquer de susciter des commentaires, très mitigés. « Je comprends l’idée, mais c’est vraiment le genre de situation où on n’a rien à gagner comme société. La nudité n’est pas intrinsèquement liée à la sexualité vrai, mais elle n’y est pas étrangère non plus. C’est juste beaucoup plus simple à gérer d’un côté hygiène et possible débordements sexuels d’exiger un minimum de linge.
Il y a définitivement des raisons pourquoi les sociétés à grande échelle modernes ont adopté le « tabou » de la nudité. Un homme nu est-ce un problème en soi? Non pas à la base. Un homme en érection? Enlever un tabou dans l’absolu arbitraire, ok, mais pour gagner quoi? Si l’aspect privé de la nudité est arbitraire, la notion de nudité « normale » l’est tout autant et ne possède pas plus de vertu« .
Certains notent que cela existe déjà en Allemagne, « pis c’est pas l’anarchie« , et d’autres ne le refusent pas…sans y être favorables. « Je suis d’accord avec une majorité des énnoncés. Je suis d’accord que quelque chose d’aussi simple ne devrait pas être criminel » mais « je vois pas pourquoi on serait intéressé à transformer l’espace public en possible club nudiste. La liberté des uns se termine où celle des autres commence. Habille toé ou reste che vous« .
Et les seins nus ?
Dimanche 29 mai 2022, Eloyse Paquet Poisson, une jeune femme de 21 ans, a eu affaire à la police alors qu’elle faisait du macramé au jardin Jean-Paul-L’Allier dans l’arrondissement Saint-Roch à Québec. Pourquoi ? Parce qu’elle était torse nu, comme les hommes autour d’elles. « Une réalité qui a choqué un citoyen qui a déposé une plainte auprès de la police« , s’est-elle offusquée sur sa page Facebook. L’affaire, reprise par les médias, est confirmée par David Poitras, sergent aux communications du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ). « En réponse à cette demande, deux policiers seraient arrivés sur les lieux. Après une dizaine de minutes d’observation au loin, l’un des deux est venu lui demander de se rhabiller, ce à quoi Éloÿse a refusé d’obtempérer, connaissant pleinement ses droits« .
Au Québec comme au Canada, est-il précisé, » il est légal pour une femme comme pour un homme de ne pas se vêtir le haut du corps dans un endroit public tel un parc, tant que cela n’a rien de sexuel et qu’il est justifiable de le faire. Dimanche 29 mai, la météo permettait donc pleinement de s’aérer le dessous des seins, avec 26 °C« .
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