Depuis 2007, le mouvement Gotopless propose tous les ans fin août une journée revendicative mondiale pour le droit aux seins nus des femmes dans l’espace public. En 2022, les initiatives sont moins nombreuses, mais plus ciblées.
Par Jean-Luc Bouland
« Il y a moins d’événements prévus cette année. Mais défendre le droit des femmes à se mettre torse nu est entre les mains de tou.te.s. Alors, n’ayez pas peur de défendre l’égalité des sexes en manifestant topless, lors de la journée mondiale ce 21 août et tous les autres jours de l’année. L’égalité des sexes a évolué dans de nombreux domaines, au sein de notre société. Mais l’égalité des droits corporels est toujours à la traîne dans nos démocraties du 21e siècle. Mais vous pouvez faire la différence !« . Ainsi s’exprimait dans la presse belge en cette mi-août 2022 la représentante du mouvement gotopless, créé en 2007 à l’initiative des Raëliens. Cette incitation à « Libérer le téton » a rarement du succés en Europe, mais fonctionne mieux dans les pays anglo-saxons. En 2021, elles étaient deux, à Paris, sur les quais de la Seine.
Le topless a surtout du succès sur les réseaux sociaux, à conditions que l’on ne voit pas les tétons ! Et les plus malignes affichent ainsi leur pratique en posant…de dos. A l’instar de la journaliste sportive Anne-Laure Bonnet dont la photo postée le 17 août sur instagram a généré près de 6000 likes et 400 commentaires en moins de 24 heures. Dont celui-ci : « Anne-Laure tu es très belle. J’ai lu des articles ou tu condamnais le sexisme de certains journalistes à ton égard mais ne crois tu pas qu’avec cette photo tu ne vas pas l’alimenter en montrant ton physique plus que ton intellect mais on peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre« .
On en revient donc à la « sexualisation » du corps, largement relayée par les médias web plus ou moins sérieux. Toutefois, pour revenir au mouvement Gotopless, on notera pour ce week-end en Europe deux initiatives concrètes, en Suisse et en France.
Lausanne – Comme le soulignent conjointement La minute info et Le matin, « Samedi 20 août, une manifestation est organisée à la piscine de Bellerive pour dénoncer l’interdiction faite aux femmes de se baigner seins nus« , tout en soulignant que la caution des Raëliens interpelle. « À cette occasion, il sera demandé aux femmes de tomber le haut et aux hommes d’en porter un par solidarité« . Combien de volontaires sont attendu.e.s ? Aucune autorisation officielle n’a été demandée, et nul ne peut le dire. Mais il est à noter que le mouvement déjà entrepris en Allemagne depuis le début de l’été pour permettre la baignade topless des femmes dans les piscines interpelle aussi à Lausanne. « La Ville de Lausanne tient à préciser que c’est uniquement lorsqu’elles se déplacent ou se baignent, et pas lorsqu’elles sont sur leur linge, que les femmes doivent cacher leurs seins et leurs fesses, les strings étant également interdits« . Mais, précise le chefs du service des sports de la ville, « le règlement actuel différencie effectivement les tenues selon le genre. Cette question va être abordée de manière pragmatique dans la révision, qui est en cours, du règlement« .
Paris – Aucune manifestation officielle n’est annoncée dans la capitale française, mais cela n’empêche pas les initiatives plus privées, telle celles de l’artiste photographe franco-suisse Vanda Spengler. Sur sa page Facebook, elle propose à ses fans un rendez-vous au métro Laurière, samedi 20 août « pour une performance questionnant la possibilité d’être seins nus autant que les mecs dans l’espace public (tranquille hein, on parle de piscines, parcs etc.)« . Les participant.e.s se balladeront tranquillement aux Buttes Chaumonts « puis nous nous poserons pour partager joyeusement un jus ou se passer une balle avec classe et sportivité (non.) Nous sommes déjà un petit groupe de personnes à nichons libérés. J’aimerais bien que nous soyons un peu plus et que tous les corps soient représentés. Hommes alliés bienvenus pour déambuler dans le parc avec nous mais les nichons censurés doivent rester majoritaires« .
Pendant ce temps là, au Rwanda, une femme de 24 ans risque deux ans de prison pour avoir eu une tenue « indigne« , ayant apparemment « montré ses parties intimes » lors d’un concert du chanteur français Tayc. Elle a été arrêtée le 7 août, et purge déjà une peine préventive de 30 jours.
POUR NE RIEN MANQUER, ABONNEZ-VOUS
A NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE