A chacun son naturisme, à chacun sa bulle, surtout en période de confinement. De quoi accentuer encore plus le besoin de liberté individuelle, malmené par les urgences sanitaires. L’édito publié dans l’édition de mars 2020 de notre partenaire Naturisme Magazine était-il prémonitoire ? A vous de juger.
« Le nudiste, c’est l’autre ! ». Chacun aime à glorifier sa propre pratique de l’art de vivre qu’il a choisi en dénigrant plus ou moins durement son voisin osant revendiquer le même choix, mais sans en adopter tous les codes. « Moi, je suis un vrai », entend-on parfois asséner au cours d’une conversation. Ainsi en sera-t-il, par exemple du « nudiste de plage » et du « naturiste de club », du « nudiste urbain » et du « naturiste des territoires », et inversement, selon le statut existant. Et cela ne date pas d’hier.
En 1950, Albert Lecoq, que l’on honorera encore cette année pour avoir impulsé voilà 70 ans la création du CHM de Montalivet et de la Fédération française de naturisme, constatait déjà que « On arrive donc à cette double constatation qui surprend un peu, au premier abord : des naturistes non-nudistes et des nudistes non-naturistes ». Une constatation qui n’a cessé de perdurer, et que l’on retrouve encore aujourd’hui, parfois dans des échanges houleux, voire injurieux, sur les réseaux dits sociaux.
A première vue, outre leur tenue, quoi de commun entre les adeptes de la nudité intégrale autorisée dans le bois de Vincennes et ceux qui fréquentent les centres du littoral ? Entre ceux qui s’autorisent des randonues sur des GR balisés, au risque de rencontrer des randonneurs textiles, et ceux qui préfèrent adhérer à un club local disposant d’une piscine, choisissant ainsi « l’entre-soi » ?
Faudrait-il les réunir dans des mouvements séparés ? L’idée fait son chemin, dans une époque semblant valoriser le communautarisme à outrance, avec des sous-communautés distinctes, voire des sous-sous-communautés ! Au risque qu’ensuite, par exemple, les randonneurs nus des bords de Seine se sentent différents de ceux des rives de la Loire, et les adhérents des clubs nordistes réfractaires aux habitudes des associatifs méditerranéens.
« Certains naturistes se cantonnent à observer seulement une partie des règles naturistes, par exemple celles ayant trait au régime alimentaire, négligeant des règles d’hygiène physique cependant très importantes. D’autre part, certaines personnes sont amenées à pratiquer avec facilité la gymnité intégrale sans raison très précise ni idéal de vie meilleure », écrivait toujours en 1950 Albert Lecoq.
D’aucuns affirment, ce qui est louable, que la nudité en commun fait disparaitre les barrières sociales. Mais, apparemment, pas la prédominance de l’égo sur l’esprit collectif et fédérateur.
Jean-Luc Bouland, Responsable de la rédaction
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