Refusée par Instagram, la marque Tajinebanane affichait début octobre des tétons dans tout Paris pour promouvoir des vêtements d’allaitement. Une nouvelle illustration d’un combat improbable contre les réseaux sociaux, abordé aussi dans le N°73 de Naturisme Magazine.
Par Jean-Luc Bouland
Les affiches, collée sauvagement à des milliers d’exemplaires sur les murs de Paris, depuis le 11 octobre, ne pouvaient pas être plus explicites. Entre tétons et femmes allaitantes, difficile de ne pas comprendre le message. Un message simple et naturel qui ne devrait choquer que ceux qui interprètent mal l’image. Mais l’individu est ainsi fait, et les réseaux sociaux préfèrent choisir la politique de l’autruche. Le sujet est régulièrement traité ici, et vient d’être repris dans le dossier du N°73 de Naturisme Magazine, sous le titre « Corps montrés, corps contestés ».
Ainsi, c’est en réaction à une censure d’Instagram, qui leur a fait retirer une photo de téton, que la marque de vêtements pour femmes allaitantes Tajinebanane s’est résolue à afficher sauvagement dans Paris sa campagne promotionnelle. C’est le Figaro Madame qui a révélé l’affaire, sans trop d’écho dans les autres médias, peut-être pour ne pas participer implicitement à du « placement de produit ». Ainsi écrit Ophélie Ostermann, « Depuis lundi 11 octobre, sur certains murs de Paris (et par exemple ci-dessus, par-dessus des affiches promouvant les concerts de Booba), on peut voir les photos d’un téton allaitant ou de femmes en train de nourrir leur enfant. L’initiative est signée de la marque de vêtements d’allaitement, Tajinebanane. L’objectif : contrer la récente censure d’Instagram d’un cliché montrant un téton mouillé d’une goutte de lait en gros plan, posté sur le compte de la marque le 24 septembre. Raison invoquée par le réseau ? Non-respect des règles de la communauté sur la nudité« .
Sur son compte Instagram, Alison Cavaille, la fondatrice de la marque s’en est expliqué : « Ce qui était nuisible sur ce réseau méritait d’être vu de tous.tes« , précisant qu’elle a fait appel à une société de street marketing pour coller ces milliers d’affiches dans la capitale française. La période choisie n’était pas innocente, puisque c’était pendant la semaine de l’allaitement (11 au 17 octobre), mais cela n’a pas convaincu les dirigeants du réseau social incriminé.
Depuis la censure de ce cliché, précise l’article du Figaro, la créatrice dénonce une «invisibilisation» sur Instagram à cause de l’algorithme de l’application. «Ça fait quinze jours qu’on ne peut plus faire de live, par exemple. Quand on tente, on nous dit que notre compte ne respecte pas les règles de la communauté», rapporte-t-elle.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Tajinebanane voit un de ses posts supprimés. «Comme nos vêtements s’ouvrent sur le côté pour allaiter, dès que l’on poste une photo sur laquelle on voit une main ouvrant le tee-shirt, ça saute. En revanche, j’ai posté une photo de mon mari torse nu et la photo est restée. Ça n’a aucune logique», dénonce Alison Cavaille. D’autant plus que les photos de mères en train d’allaiter sont autorisées sur la plateforme, comme c’est indiqué dans ses conditions d’utilisations.
Allaiter partout, tout le temps
Après 17 jours de silence sur Instagram, la marque est donc revenue dessus en annonçant la création d’un manifeste demandant le droit d’ « allaiter partout, tout le temps ». Affiché en ligne depuis le 11 septembre (voir site), relayé sur les réseaux sociaux par des groupe tels que les allaitantes des bancs publics, il revendique tout simplement plus qu’un slogan, mais un droit : Celui pour les mères de prendre la totale liberté de leurs corps chez elles comme dans l’espace public« .
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