Description
Un naturisme de toutes natures…
Réduire le naturisme à la seule nudité, c’est le dénaturer, car cette visibilité principale est terriblement réductrice », affirment les uns, s’appuyant sur les écrits des précurseurs faisant loi depuis des décennies, et confortés par une abondance d’images et de commentaires étiquetés « naturisme » sur les réseaux sociaux, peu en adéquation avec leurs convictions. Mais, s’interrogent leurs contradicteurs, « qu’en est-il alors de la propre nature de l’humain, de sa personnalité complète et complexe, qui ne peut se satisfaire d’un monde figé, et tente depuis des millénaires de modifier sa condition ? Qui est réellement détenteur de la vérité, quand l’argumentation se base parfois sur des études révolues ? ».
Vaste débat, en une époque où le déboulonnage de statues fait fureur. Si les sondages issus de l’après confinement montrent un réel besoin de nature, principalement pour ceux n’ayant eu comme horizon qu’un périmètre citadin restreint, cela n’a pas pour autant fait évoluer le propos. En cette période estivale, l’actualité retiendra plusieurs éléments illustrant ces deux discours, tous labelisés « naturistes », et apparemment contradictoires.
Le premier est le besoin de nature affirmé de nos contemporains, l’envie d’un environnement sain. Les gestionnaires d’espaces naturistes n’ont pas de mal à présenter ceci comme leur ADN de naissance, associé à une distanciation d’origine sur leurs sites, qu’ils soient campings, résidences ou terrains associatifs. D’où l’initiative d’une campagne de communication commune début juin réunissant la Fédération des Espaces Naturistes (FEN) et la Fédération Française de Naturisme (FFN), illustrée par notre dossier.
Les seconds valorisent principalement une nudité beaucoup plus urbaine. En cette même période, la FFN affirmait son soutien à l’organisation le 5 juillet, dans le cadre de la Journée mondiale du naturisme et des Journées sans maillot, d’un vide-grenier en nudité intégrale en lieu fermé, unique en Europe. Et, parallèlement, affichait la volonté de voir exister le 13 septembre prochain dans plusieurs grandes villes de France des « cyclonues » identiques à celles organisées chaque année dans le monde entier, malgré un jugement français récent condamnant l’initiative parisienne de 2019.
Ces positions divergentes sont-elles pour autant inconciliables ? Impossibles à coexister à terme au sein d’une même entité ? Dangereux raccourci. Tout mouvement s’enrichit de débats internes, et la raison se doit de prévaloir dans toutes décisions, au-delà de compréhensibles réactions émotionnelles. En toute conscience qu’un esprit fédéral a pour objet de défendre ce qui rassemble, sans valoriser ce qui divise, au profit d’une pensée majoritaire supposée, et souvent éphémère.
Jean-Luc Bouland
Responsable de la Rédaction