Description
A notre corps défendu…
Haro sur le corps, masculin ou féminin, sur sa représentation, et sur sa sexualisation fantasmée plus qu’affichée. Comme si les ligues de vertus qui combattaient farouchement la pratique des fondateurs du naturisme au milieu des années 1920 trouvaient encore écho près de 100 ans après. Triste constat.
Au fil des mois, on ne compte plus les attaques envers les adeptes des seins nus dans les parcs publics, ou contre les torses nus masculins en pleine rue. On signale régulièrement des mères allaitantes apostrophées, les douches sans maillot se raréfient dans les vestiaires sportifs, et les réseaux sociaux abondent de critiques outrancières envers la tenue de celui-ci ou de celle-ci, anonyme ou médiatique. A croire que certains ne peuvent exister qu’en dénigrant l’autre, en le rabaissant, en l’invitant à se cacher ou à disparaitre.
Ces « indécences » dénoncées le sont, paradoxalement, au nom de la lutte contre le machisme et le sexisme, pour « le respect de soi » ou en référence à des dogmes que l’on croyait obsolètes. Et le plus souvent pour la « protection des enfants », pour ne pas dire « le couple ». Ce dernier argument n’est pas nouveau, déjà utilisé dans les années soixante contre celles qui osaient tomber le haut du maillot à la plage.
En quoi cela peut-il concerner les naturistes ? Quel rapport entre le nu public surmédiatisé et celui vécu naturellement ? Alors que l’anonymat des réseaux sociaux amplifie le tapage, provoquant parfois des drames familiaux, on ne peut pourtant l’ignorer. Car toute atteinte au corps, et à sa nudité montrée dans le respect de l’autre, correspond à une perception globale de l’apparence, à une volonté de « normalisation » étrangère à nos valeurs.
La récente campagne « stopbodyshaming » initiée par la Fédération Française de Naturisme n’a peut-être pas atteint tous ses objectifs, y compris en interne, mais partait d’une bonne volonté indéniable. Le slogan « Aimons-nous comme nous sommes » devrait même être un leitmotiv favorisant la vie en commun dans nos différences, au-delà des divergences d’idées, pour faire corps et cause commune face à une adversité aussi contestable que grandissante.
Jean-Luc Bouland
Responsable de la Rédaction