Le printemps est arrivé, propice au renouvellement et aux belles floraisons. Et si, en ce mois d’avril 2021, la consigne est de peu sortir de chez soi, voire de ne pas perdre le fil de ses masques protecteurs, l’espoir de continuer l’année sous de meilleurs auspices que l’an passé semble un peu mieux poindre son nez. Alors, autant en profiter pour méditer un peu sur nos
prochaines vacances, sur l’offre naturiste qui nous tend les bras, et sur notre propre vision de la nudité.
Initiée en 1950 et fortement développée autour des années 80, la création d’espaces naturistes semble à un tournant de son histoire. Chaque année, la France, tout en restant la première destination mondiale par le nombre de ses structures, perd des campings au départ de ses créateurs ou derniers propriétaires, leur terrain, quand il est repris, devenant « textile ».
Mais, dans le même temps, naissent tout autant de nouvelles entités, souvent des gîtes et chambres d’hôtes, dans des régions jusqu’ici non équipées. C’est encore le cas en 2021, tendant à une plus grande individualisation de l’offre proposée, plus segmentée, voire plus
communautariste.
Ainsi, l’idée du « vivre nu en commun », propice à l’acceptation de son corps tout autant que de celui des autres, prend un nouveau sens, rejetant parfois les préceptes universalistes qui ont permis le développement même du naturisme pour s’apparenter à une quête « identitaire ». La vie en commun, oui, mais avec ceux que l’on choisit, voire qui nous ressemblent, apparaît comme le nouveau crédo, au nom du respect de la liberté individuelle. D’où l’existence de sites naturiste privilégiant des préférences sexuelles ou des statuts familiaux, par exemple.
Dans la foulée, pour une nouvelle génération, le mot « naturisme » apparait même comme clivant. Aimer vivre nu n’implique pas être naturiste pour beaucoup de personnes, qui y voient là, paradoxalement, une terminologie « communautariste » qu’elles rejettent. Au point de privilégier le terme « nudiste », considéré comme plus « spontané », plus généraliste, voire plus naturel, ou sans connotation idéologique.
Ultime paradoxe, l’utilisation de la nudité comme outil provocateur de revendication auprès des médias, à l’image des Femen, des artisans et commerçants ou des acteurs de la culture, est régulièrement saluée par certains naturistes, alors qu’elle n’aurait aucune raison d’être si la nudité était perçue naturellement, comme ces derniers le revendiquent.
A l’ombre ou au soleil, il reste encore bien d’autres sujets concernant le naturisme et la nudité qui pourraient alimenter nombre de méditations, individuelles ou collectives. Cela fera peut-être l’objet d’un prochain dossier. Si tant est que cela concerne réellement la majorité des naturistes, peut-être simplement préoccupés de profiter de moments de bien-être intenses et personnels, sans autres considérations philosophiques ou sociétales.
Jean-Luc Bouland
Responsable de la Rédaction
Editorial du N°71 de Naturisme Magazine, disponible sur son site depuis le je
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