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Tenerife : Un nu pour se souvenir de la fin des Guanches face à la conquête espagnole

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La côte nord de l’île de Ténérife (Canaries –Espagne) accueille un certain nombre de « points de vue » (miradores) permettant la découverte des différents paysages littoraux et montagnards qui s’offrent aux visiteurs et habitants. Sur la commune de Los Realejos, à Icod el Alto, le mirador del Lance à 700 mètres de haut permet de découvrir la vallée de La Oratava. L’une des particularités de ce point de vue touristique est qu’il est accompagné d’une grande statue d’un homme nu. Celle-ci représente le désespoir du chef de guerre et de clan Bentor avant son suicide.

Par Guillaume Lemoine

Peuplées par les Guanches (peuple berbère d’origine d’Afrique du Nord), les îles des Canaries ont été progressivement annexées par les Espagnols. Ténérife fut la dernière île conquise par les armées des rois catholiques de la Couronne de Castille. Les premiers soldats y mettent pied en 1464 à l’endroit qui deviendra par la suite Santa Cruz de Tenerife. Leur avancée facile dans un premier temps rencontra par la suite la résistance des habitants présents au nord de l’île dont leur chef était Bencomo, mencey (roi) de Taoro. En mai 1494 les Guanches repoussent les soldats espagnols d’Alonso Fernández de Lugo. Cet épisode est resté dans les mémoires sous le nom du « massacre d’Acentejo ».

Suite à cette première défaite l’armée espagnole revient avec un nouveau contingent et tue le chef guanche Bencomo. Une troisième offensive contre les Guanches, qui avaient alors comme nouveau chef Bentor, fils de Bencomo, a lieu le 25 décembre 1495 et se solde par la victoire des Espagnols. Ayant perdu tout espoir, Bentor se suicide en se jetant dans le précipice de Tigaiga, préférant la mort à l’esclavage. Quelques poches de résistance se maintinrent dans les montagnes pendant deux ans avant la soumission totale de l’île. Les Guanches ont aujourd’hui disparus ; massacrés, réduits en esclavages et déportés en partie en Amérique (Puerto Rico et République Dominicaine) ou sur la péninsule ibérique (Valence ou Séville), ou encore progressivement assimilés et convertis au catholicisme, ce qui a provoqué la quasi éradication de leur civilisation que de nombreux Canariens essayent aujourd’hui de faire reconnaître et valoriser (civilisation amazighe commune avec l’Afrique du Nord).

Pour commémorer cet épisode rapporté par la tradition orale, une impressionnante statue en bronze montrant le désespoir de Bentor a été installée au belvédère del Lance. Cette œuvre a été réalisée en 1996 par la sculptrice Carmen Luis León.

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