De nombreux monuments mémoriaux utilisent la nudité. Ainsi en est-il de ceux de Langres et de Meaux pour évoquer la bataille de la Marne, pendant la première guerre mondiale. Guillaume Lemoine nous conte leur origine, en deux épisodes.
Par Guillaume Lemoine
(suite de l’article du jeudi 16/11/2023)
(…) Hésitant sur le lieu d’implantation (Paris, bois de Vincennes, …), c’est sur l’un des points représentants l’avancée maximale des armées allemandes sur le front de la Bataille de la Marne que la statue fut érigée.
Initialement imaginée sous les traits de Jeanne d’ Arc, la sculpture se transforme pour représenter une femme nue, allégorie de la France qui se relève au milieu de victimes, elles aussi nues, entremêlées à ses pieds et qui regarde le ciel. Symbole de vérité, debout, glaive brisé à la main, elle porte un bonnet phrygien (symbole de liberté lors de la Guerre d’Indépendance américaine puis de ralliement lors de la Révolution française et toujours présent sur le drapeau de l’État de New-York). Coq, chien, drapeau aux fleurs de lys et jeune enfant complètent la symbolique mise en scène. La présence des fleurs de lys est ici surprenante. Elles sont peut-être un reste de la symbolique imaginée pour accompagner Jeanne d’Arc. Rappelons toutefois, que cette statue qui peut être le pendant de la Statue de la Liberté offerte par la France aux USA en 1886 pour le centenaire de leur déclaration d’indépendance peut être associée à Lafayette et au Royaume de France. Pour la petite histoire, précisons que le marquis Gilbert du Motier de La Fayette, héros français de la Révolution américaine, fut député de Meaux.
Le visage de la Liberté éplorée serait celui de Marion Jones Farquhar (1883-1965) ancienne championne de tennis et sœur d’Alice MacMonnies, seconde épouse de Frederick William MacMonnies. Ici la nudité de la Liberté éprouvée et de certains des corps présents à ses pieds de cette oeuvre monumentale n’a pas semblé choquer le public de l’époque.
La foudre de juin 2021, comme nous l’avons vu, a décapité la statue et plusieurs morceaux de la sculpture sont tombés au sol. La reconstruction de l’édifice vient de se terminer. Débuté en mai 2023, le chantier réalisé par l’entreprise « le Bâtiment associé » de Muizon (51) et sous la supervision de Louis-Marie Asselineau architecte du patrimoine, a été réalisé dans des délais très contraints de façon a être prêt le jour de la commémoration de l’Armistice du 11 novembre 2023. Il restitue, comme il était à l’origine, ce monument inscrit au titre des Monuments historiques le 6 février 1990. Après avoir réaliser un scan et un jumeau numérique de la statue, le travail de restauration a été réalisé en collaboration avec le Laboratoire de recherche des Monuments historiques. Les travaux d’un montant de plus de 530 000 euros ont été pris en charge par les assurances au 4/5ème et le reste par la Communauté d’agglomération du pays de Meaux. En plus de sa reconstruction avec des pierres neuves issues de la même carrière, les travaux ont également consistés en la restauration des blocs fissurés, le nettoyage de l’édifice, la consolidation des parements, le rejointoiement des blocs et en la pose d’un paratonnerre.
POUR NE RIEN MANQUER, ABONNEZ-VOUS
A NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE